Le bailleur qui nous la bâille bien bêle
De toutes les images qu’il nous a été donné de voir au cours de ces derniers jours, l’horreur a pu le céder une fois à un comique involontaire en la personne d’un certain Jawad qui paradait devant les caméras de BFM TV tandis que l’assaut était donné dans l’immeuble à St Denis. Un immeuble que le susdit personnage connaît bien puisqu’il est l’heureux propriétaire du logis qui abritait le nid de terroristes recherché par toutes les polices de France après la vague des attentats du 13 novembre.
Airbnb (Air burqa niqab business) à votre sévice
Que dit-il qui n’ait déjà fait gloser sur le Net, tant sa prestation paraît digne d’une parodie ? Quoi, moi, coupable d’avoir hébergé des terroristes ? Que nenni, je n’en savais rien, je n’étais pas au courant. D’ailleurs quand on lui demande s’il a lu le coran, il répond, oui, l’EDF est passée hier. Preuve d’un à-propos circonstanciel parfaitement détaché.
Blouson de cuir, barbe bien taillée, lunettes à la mode, droit dans ses boots, débit parfaitement maîtrisé, Jawad a une nature de comique à froid : « Ils m’ont demandé si je savais faire des cocktails Molotov, je leur ai répondu que j’étais pas barman ».
Humour Séquanodyonisien. A-t-il été inspiré par Audiard ? Répète-t-il son prochain spectacle en live en vue d’une prochaine émission de téléréalité qui s’intitulerait : Danse sous les bombes ? Visiblement ravi de passer à la télé, il poursuit ses questions-réponses avec un détachement mi-goguenard, mi-amusé : c’est à l’insu de mon plein gré que sans le savoir on m’a demandé de prêter mon appartement et comment je pouvais deviner que c’étaient des terroristes vu que j’ai pas demandé leur pièce d’identité. Et de conclure avec tout l’aplomb de sa probité prise en défaut : si j’avais su que c’étaient des terroristes vous pensez bien que j’aurais pas agi ainsi.
Daech immo : 2 pièces cuisines, vue sur cour à St Denis Il est vrai que l’hospitalité est une vertu partagée en Orient et trop souvent monnayée en Occident. Le Bed & Breakfast façon Jawad c’est 100% pure générosité, les oranges et le croissant. Ce qu’un internaute a détourné en affichant : « Quand le matin ils ont mis le lait avant les céréales, c’est là que j’ai capté qui ils étaient vraiment ». Il aurait pu ajouter tout aussi benoîtement ; quand ils m’ont demandé la basilique j’ai cru c’était pour mettre du basilic dans la pizza.
Louable intention ou location intentionnelle ? Aux innocents les mains pleines, les bombes dans les poches. Ce bon samaritain prête son taudis, et on ose le traiter de complice supposé ? Pourquoi pas de Thénardier avec Cosette dans le rôle de kamikaze ! Et il ne se démonte pas, sûr de sa bonne mauvaise foi affichée, pris en flagrant délit de mensonge éhonté. Car si l’homme joue les étonnés face aux caméras, il a été condamné en 2008 pour avoir poignardé son meilleur ami, dans cette même rue où les terroristes se sont réfugiés sous son toit. « Coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner » disait l’accusation. C’est peu dire que Daech lave plus blanc ce type de crime. Et que le sieur Jawad a bien du mal à nous faire croire à son simulacre d’accueil désintéressé.
Bavard impénitent ou pénitent buvard ? Sorti de prison, et de l’ombre, l’individu cherche visiblement la lumière plutôt que la discrétion. Et prête le flanc à la répartie qui ne s’est pas fait attendre de la part des internautes stupéfaits par cette scène surréaliste où il répond du tac au tac avec un bagout incroyable. Jawad sera-t-il aussi bavard en garde à vue ? Saura-t-il autant faire rire les policiers ? Se gondoler de son témoignage c’est une chose, exploser de rire c’en est une autre.
Henri-Jean Anglade
Commentaires