Le triomphe du film de Dany Boon, pour ne pas dire la déferlante Ch’tis, qui dépasse désormais les 18 millions d’entrées et va tenter de voler la première marche du podium à Titanic (21 millions d’entrées) est un phénomène dit de société. Tentons d’analyser : d’abord chaque année un film français se dégage toujours du lot et créé la surprise, ensuite dans un climat morose les Français ont envie de rire, enfin, l’éloge des minorités est à l’ordre du jour.
Reprenons, l’argument 1, le film qui fait un carton inattendu a toujours existé, de «3 hommes et un couffin» aux «Choristes» en passant par «La marche de l’empereur», et ce ne sont pas les stars qui font nécessairement le succès puisqu’en l’occurrence un manchot peut damer le pion à Christian Clavier (qui par ailleurs faisait le pingouin dans «l’Auberge rouge» qui fut un échec).
C’est le miracle du film en phase avec le public et du bouche à oreille. «Diva» de Jean-Jacques Beinex, en 1981, fut un gros succès, sans vedettes, uniquement parce que le public su apprécier un ton et un auteur. Argument 2, depuis «La grande vadrouille» et ses 17 millions d’entrées, les Français attendent du cinéma avant tout qu’il les distraient. Bourvil et Louis de Funès en furent les valeurs numéro 1 au Box office avec Gérard Oury en metteur en scène. Cela dit, le dernier Astérix prouve qu’on atteint la limite de l’exercice
quand le film est mauvais. Le matraquage publicitaire a ses limites
autour de 6 millions d’entrées, ce qui est beaucoup mais pas assez eu
égard aux investissements. « Le dîner de cons » et autres films de
Francis Weber, bon faiseur de comédie, démontre quand même que le rire
attire les foules en recherche de défoulement.
Argument 3, le film
ethnique comme ce fut le cas avec « Les dieux sont tombés sur la tête
», quoique originaire du Botswana, a une capacité à réveiller le
minoritaire qui sommeille en chacun de nous. Dans un autre registre «
La cage aux folles » fit un tabac, certes grâce à ses acteurs, mais
aussi par son sujet, traité avec une certaine outrance. Ainsi, après
les Corses, les Bretons, les Juifs (Woody Allen en a fait sa
spécialité), les Ritaux, les Belges…, le Ch’ti débarque dans cet
univers où humour, coquillages, gaufres, moules et frites font bon
ménage. Le choc Nord-Sud représenté par un Kad Merad exilé à Bergues en
est l’illustration. C’est de la discrimination positive et ça plait au
plus grand nombre par les vertus de convivialité que ça véhicule. Ceci
explique en partie le succès de « Bienvenue chez les Ch’tis ».
J’ai une dernière explication, très rationnelle. La région Nord-Pas de
Calais comprend 2,5 millions d’habitants qui sont allés voir le film
3, 4 ou 5 fois, disons 10 millions d’entrées. La région PACA a 4,5
millions d’habitants qui sont grosso modo allés voir ce qu’il en
retournait de cette étrange peuplade du Nord. Cela donne donc 4,5
millions d’entrées. Ajoutez à cela une vraie curiosité chez quelques
autres autochtones de nos provinces et vous avez vos 18 millions
d’entrées. Comme quoi, le succès c’est pas compliqué, il suffit de
taper dans le mille et de savoir parler à la fibre régionale. Pagnol
l’avait très bien compris en son temps. Bienvenue chez les Basques et
Bienvenue chez les Alsaciens devraient faire un carton en 2009. On
cherche un bon scénariste et quelques acteurs.
A bon spectateur, chalut
!
Henri-Jean Anglade
P.S. Je n’ai toujours pas vu le film !!!
Personnellement j'ai pas aimé le film, non pas que j'ai pas rigolé, en fait si, j'ai pas rigolé, j'ai eu des sourires, mais pas plus, pour moi le film ne mérite pas le succès qu'il possède au vu de sa qualité...
J'en ai d'ailleurs écrit un article...
http://xanderross.wordpress.com/2008/03/25/ou-je-trouves-le-succes-immerite/
Rédigé par : xanderross | 18/04/2008 à 08:08