La probité en politique n’est pas une vertu. Pas plus que le goût pour la vérité.
La victoire de Berlusconi aux élections italiennes en est la preuve. Et les électeurs ont la mémoire courte, qui devraient se rappeler les pantalonnades de l’histrion, traitant un député allemand européen de « kapo » lors d’un débat à Bruxelles. Le futur Président du Conseil est un habitué des dérapages plus ou moins contrôlés et des pirouettes, lui qui lors d’une récente émission télévisée suggéra à une participante qui s’inquiétait de savoir comment sortir du chômage : « vous êtes plutôt jolie, épousez quelqu’un de riche, comme mon fils » ! Voilà le genre d’humour pratiqué par le Cavaliere et qui lui sert de viatique. Mais il faut croire qu’une majorité d’Italiens s’en accommode ou s’en amuse puisqu’il va retrouver son fauteuil comme si de rien n’était, des casseroles et des pots de vins qui ont émaillé sa carrière. Les premières visiblement n’empêchant pas les mammas de lui trouver la tête du gendre idéal au sourire émail diamant et les seconds faisant partie de la cuisine transalpine.
Il faut dire qu’à 71 ans, Berlusconi a encore bien des ressources en tant que Chef super étoilé de l’auberge Italia, à défaut des recettes éprouvées. Peut-être finira-t-il en Président de la République taxidermisé (il y songe). En Italie, ce sont en général d’aimables octogénaires qui y terminent une carrière à l’abri de l’agitation, dans la retraite dorée d’un palais national.
Comme quoi, la démagogie est la seule arme qui permette de recouvrer le pouvoir puisque les électeurs n’aiment rien tant que les promesses. Il faut des circonstances exceptionnelles pour que le phénomène ne soit pas vérifié. Avec Churchill qui proposa courageusement à son peuple « du sang, de la sueur et des larmes ». Mais les Anglais ne sont pas les Italiens. En bien comme en mal. Et le mâle Italien si bien représenté par le roi Silvio préfère aujourd’hui entendre d’autres sirènes comme « du strass, des paillettes et des pizzas ». Même si, petit bémol, Berlusconi a consenti que des efforts seraient nécessaires et qu’il ne pouvait plous décrocher la lune. Ainsi va la démocratie, à la botte des médias surtout quand ils chantent les louanges du petit Duce.
Henri-Jean Anglade
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