Je rencontre souvent dans le métro des femmes dont le bébé dort entre leurs bras la plupart du temps, et qui vous implorent pour quelques sous. Elles sont au même endroit tout au long de l'année, et cet endroit, c'est un peu leur "pas de porte" (au sens fonds de commerce, et aussi peut-être au sens pas de domicile ?). Cette mendicité culpabilisante me met mal à l'aise. je donnerais volontiers s'il y avait échange, même symbolique.
Hier, j'ai croisé une mendicité intelligente : sur le trottoir du boulevard Haussmann étaient disposés plusieurs livres, probablement ramassés dans une poubelle, mais néanmoins aux titres intéressants (cours d'économie par exemple). A côté de ces livres, une casquette qi contenait déjà quelques centimes indiquait clairement que l'acteur de cette mise en scène sollicitait un peu d'argent. Eh bien j'ai mis de l'argent dans la casquette, sans prendre de livre. J'étais content et j'étais quitte avec le quémandeur. Qui tout à coup est apparu (il était avec quelques potes, un peu plus loin, assis par terre) et m'a remercié avec effusion.
Cette histoire me fait penser à ce publicitaire qui un jour de mars , pendant la grande dépression de 1929
traverse le Brooklyn Bridge à New York. Il fait froid ; il presse le pas quand tout à coup, il aperçoit un aveugle qui tient à côté de lui une ardoise quémandant quelques cents : mais, mon pauvre ami, je n'ai plus d'argent dit le publicitaire, je viens de perdre mon job mais je vais néanmoins t'aider. Et le publicitaire écrit quelque chose sur l'ardoise de l'aveugle.
Le soir, le publicitaire repasse dans l'autre sens et l'aveugle reconnait son pas. Sa sébile est pleine d'argent. Il interpelle le publicitaire : Monsieur, dites-moi s'il vous plait, qu'avez vous écrit sur mon ardoise ? Et le publicitaire lui répond : vous savez, je n'ai fait que mon métier de publicitaire. J'ai écrit sur l'ardoise : c'est aujourd'hui le jour du printemps et je ne le verrai pas.
Oui, cette histoire est belle, et pas étonnant qu'elle ait lieu à Manhattan, ville reine des slogans, des images et de l'émotion palpable (Times Square, les vitrines de Sacks Avenue, le packaging du moindre soap Dove...).
Rédigé par : Laurence | 25/07/2008 à 22:47
Vraiment très belle cette petite histoire que je ne connaissais pas ! J'ai honte en tant que DA, mais merci pour cette note qui a comblée ce vide ;)
Rédigé par : Teddy Chevalier | 24/07/2008 à 19:16
Effectivement cette idée est très connue. C'est selon certain le début de la communication. Le premier jour de mon cours de communication à l'Ipag on me l'a raconté.
Ce qui est sûr, c'est que comme toute acte de communication, certaines stratégies sont plus efficaces que d'autres concernant la mendicité.
Rédigé par : Nicolas Schriver | 24/07/2008 à 11:53