Eclectihk-log: Croquis 100 crayon (7)

30/10/2008

Croquis 100 crayon (7)

Je suis dans le TGV du matin en route pour Lille. Devant moi, en reflet sur la vitre, j'aperçois, entre deux dossiers de siège, le visage d'une femme, cheveux clairs et sourcils noirs.
Mon ordinateur est ouvert sur la tablette. En y pensant à peine, je commence à taper un nouveau croquis sans crayon. Grands yeux noirs ourlés d’une cerne de fatigue. Elle lit attentivement un magazine en se frottant les lèvres. Et je me souviens de la "grammaire des gestes qui vous trahissent" que je vais bientôt traiter en vidéo avec mon ami PPC : c'est le signe d’une intense recherche de solution à un problème. Un peu plus tard, elle regarde ses messages sur son téléphone en se tenant la joue de la main gauche (réflexion, à nouveau) ; sa main cache partiellement sa bouche. Elle a retroussé ses manches et je vois qu'elle porte au bras gauche un large bracelet d'écaille. Elle continue de réfléchir, avec maintenant son index qui touche ses dents puis elle tient son poing fermé sur sa bouche. Ensuite son index soulève un sourcil (elle cherche « à en savoir plus »). Elle se tapote la joue (sa décision est prise). Manifestement, son visage est la caisse de résonance de ses émotions.
Je vois encore son reflet dans la vitre et devine un sourire. Et je me demande tout à coup si elle aussi, elle voit mon reflet dans sa vitre, en train de taper sur mon ordinateur le croquis que je vois via son reflet dans la vitre...
Quelques minutes plus tard, le train arrive en gare de Lille. Je me lève et la vois enfin « en vrai », sans reflet. Elle me parait plus fatiguée, plus fanée, que le reflet me le laissait supposer.
Les reflets de vitre, c’est comme les chandelles au restaurant : ils augmentent la beauté des femmes.

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