Il a le vent en poupe et mène en tête des sondages avec 3 à 6 points d’avance sur le candidat Républicain. S’il devait être élu par les Français, il le serait avec 97% des voix et les Européens le soutiennent majoritairement. Seulement voilà, ce sont les Américains qui votent et selon un mode d’élection qui n’a pas changé depuis 1787. Un vote à l’ancienne, semi-direct, pour une démocratie qui se veut à l’avant-garde du monde. Les Américains votent pour des électeurs qui votent ensuite pour le candidat de leur choix. Et c’est là que le bât blesse.
Nous extrapolons nos goûts, nos envies, et parce que nous mangeons Mac Do et voyons NCIS sur M6 ou Les Experts sur TF1, nous pensons tout partager d’eux. Erreur. Les Américains ne pensent pas comme nous, ne savent rien ou presque de l’Europe, et ignorent notre histoire et celle des restes du monde. D’où un risque considérable dans l’interprétation de leurs sondages. Certains (combien ?) disent qu’ils s’apprêtent à voter Obama alors qu’il n’en est rien, et ce y compris dans le camp Démocrate où l’absence au finish d’Hillary a laissé des traces et des rancoeurs. Or, dans le système américain, et W en a bien profité, avec une voix de majorité, on remporte l’Etat. C’est dire le risque. Avec un bon paquet de racistes, d’électeurs
des Etats du Sud quasi ségrégationnistes, pour qui Obama est un usurpateur, un nègre, tout se joue dans l’isoloir. C’est pourquoi Mac Cain garde, malgré ses bourdes, son âge, sa colistière incompétente, le boulet de la double présidence Bush, la guerre en Irak impopulaire, la crise économique… Bref, malgré tous ces handicaps, qui devraient assurer un boulevard aux Démocrates, il est possible que Mc Cain l’emporte sur le filet.
Oui. Ce serait une catastrophe pour le symbole, pour le changement, pour l’idée que nous nous faisons de l’Amérique avec un grand A, pour l’espoir qu’a soulevé Obama (à tort ou à raison nous le verrons ou pas), mais les Américains avec leur bulletin de vote peuvent réactiver une conscience raciste ou tout au moins conservatrice qui n’ose s’exprimer dans les sondages. Et la surprise n’en serait que plus étonnante. Enfin, pas si grande. N’ont-ils pas élu deux fois W Bush contre la logique, contre Gore en 2000 qui avait gagné en voix nationale avec un décompte dans l’état de Floride plus que douteux, et en 2004, contre Kerry tellement ami de l’Europe et de la France en particulier, que cela en était gênant pour bien des Américains du Middle West. L’Amérique a-t-elle envie d’un président Noir quarante ans après avoir assassiné Martin Luther King ? On veut répondre oui. Mais eux ?
Henri-Jean Anglade
Le pochoir d'Obama est signé Obey Giant
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