Je suis dans un couloir du métro et me dirige vers le quai. Une musique se fait entendre au loin. Plus j’avance dans ce couloir et plus la musique s’affirme. L’air me dit quelque chose. J’avance, j’avance vers le musicien un peu comme si je suivais le joueur de flute de Hammeln. J’ai le nom de ce morceau classique sur le bout de la langue. Il me rappelle cet air de musique extraordinaire qui a construit la renommé du jeune guitariste prodige Mattrach.... Et tout à coup, ça y est : mais oui, mais c’est bien sûr, c’est le canon de Pachelbel, joué au violon (accompagné par une bande son) par une femme qui envoûte tout le couloir. Je m’arrête une minute pour goûter le plaisir de cette musique qui balaie d’un coup tout le stress de la journée. C’est splendide, j'ai presque la larme à l'œil.
Je monte à regret dans la rame.
Et je me souviens de mon départ il y a quelques heures, en pleine affluence, sur la ligne 13. Pour la première fois, j’ai vu la brigade des "pousseurs" en action. On les reconnaît bien : alignés le long du quai, ils sont postés devant chaque entrée de la rame avec une veste ample à bandes phosphorescentes. Certains ont le gabarit habituel du videur de boîte de nuit (malabar aussi large que haut, crane rasé, grosses paluches) mais il y a aussi parmi eux des séniors qui ont l’air de s’excuser de se retrouver là, et aussi des femmes pas du tout barraquées, de "petit format" qui doivent probablement utiliser plus le charme et la persuasion que la force pour faire entrer 100 personnes dans un wagon qui peut difficilement en accueillir 70.
Quand la rame s’ébranle, gonflée à bloc de son contingent de sardines, la troupe des pousseurs, bien alignée, recule comme à la parade et se poste le long du mur, devant les affiches publicitaires. Prête pour le prochain poussage.
Qui a inventé l’expression « transports en commun » ? Peut-être faudrait-il renouveler le vocabulaire ? Trouver une expression qui exprime mieux le signifiant et le signifié ? Il faudrait poser la question au "Dictionnaire du Futur"...
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