Depuis plusieurs semaines, le Proche et le Moyen-Orient sont secoués par une vague qui défait sur son passage des décennies d’inertie sur fond de dictatures chancelantes. La Tunisie a ouvert la voie avec sa révolution de Jasmin, suivie par le spectaculaire mouvement de la place Tahir qui a conduit à la destitution de Moubarak. Au point que, toute comparaison gardée, comme on parle chez nous d’un Grenelle appliqué à toutes les sauces jusqu’à l’environnement, on pourra désormais parler d’un Tahir de la paix décliné à toutes les libérations. Tahir l’espérance aura donc une autre consonance que celle qui consistait à la trahir sous couvert de chape de plomb contre l’Islamisation prétendument rampante.
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Ce qui est étonnant et particulièrement visible dans ces révolutions, c’est qu’elles se font non plus seulement en levant le poing mais en brandissant son Smartphone et en agissant via les réseaux. Il suffit de voir les images qui nous en sont données, de lire les reportages, pour se rendre compte combien cette prise de pouvoir s’accompagne de celle d’un autre, par blog interposé, par milliers de photos à l’appui émanant de ces bras tendus qui filment et se filment en direct.
SMS : Short Maghreb Stories
Nos aimables meetings ou after hours sous nos latitudes se transforment ainsi en happy hours et speed dating d’une révolution en marche qui se livre aux premières loges d’une actualité déboussolée par l’instantanéité et la rapidité de ce flot continu auxquels tous les médias s’abreuvent. L’Algérie n’est pas en reste, malgré les menaces brandies par l’armée (encore) toute puissante, le Maroc observe en hésitant (encore) jusqu’où aller, tandis que la Lybie a basculé (déjà) sous la folie de son dictateur en une guerre fratricide où les meneurs sont autant de mercenaires.
Là aussi, aux coins des rues, grimpant sur des réverbères, des hommes et des femmes n’ont plus peur, se lèvent et transforment des SMS en dépêches d’une actualité si chaude que le vent du désert transmet d’une dune à la Une.
Google, Facebook, Twitter aux avant-postes
Par réseaux interposés et sous l’œil bienveillant d’Al Jazeera, ces révolutionnaires portent en triomphe un nouvel héros au Caire qui n’est autre qu’un blogueur, cadre de Google en Egypte (Wael Ghonim). C’est dire si la révolution a changé de camp : elle n’est plus confinée à l’enceinte d’un palais, elle revendique avant tout la liberté, de dire, d’agir, de faire. Google, Facebook, Twitter au secours de la démocratie, ce n’était pas prévu. C’est pourtant ce qui est arrivé. Maintenant qu’à Barhein, au Yemen, d’autres prennent l’initiative de ce changement, il ne suffit plus d’interrompre l’accès aux tuyaux pour arrêter la révolution. Les pyromanes au pouvoir savent désormais que les réseaux peuvent s’en affranchir.
Dictateurs pompés : moteur (à explosion) de recherches
Le gouvernement Iranien qui a volé les dernières élections le sait bien et s’en inquiète au point de montrer des signes d’une nervosité accrue. Dans le grand bazar de l’information, le tapis magique des réseaux passe à la barbe des douaniers au profit des zélés étudiants. Et il n’est pas jusqu’à la Chine pour s’en émouvoir et craindre pour son équilibre. Tenir plus d’un milliard de jeunes sous le boisseau même à coup de Coca Cola et de Burger n’est pas chose aisée. Il est un nom qui devrait s’imposer pour accompagner tous ces changements, entre moteur de recherches et agrégateur de flux, (je l’offre à qui le déposera), c’est Aladin ! Inch’Allah-Djin…
HJA (prononcer HachDjihaï) Envoyé spécial sur le front
PS (HK) : heureusement, nous avons des ambassadeurs qui n'ont pas froid aux yeux ni aux fesses...
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