Henri-Jean fait sa rentrée avec un long post. A lire sur la plage ou dans le train du retour !
Jean-Pierre Pernaut a beau nous parler des calanques et des forgerons de Cuq-en-Bouzigues, les bouchons du retour sur l’A7 à hauteur de Valence, qui servent d’apéro à TF1, sonnent la fin de la récré.
Tous les rayons de grandes surfaces nous le font sentir, à coup de promo sur les cartables et les cahiers d’école, c’est la rentrée des classes. C’est la même chose en politique où cependant, avant de rentrer, ils nous font leur université d’été.
C’est aussi vrai en littérature, où le caddy est à ras-bord avec 646 romans annoncés, de l’autofiction à l’autofliction et un titre qui surnage en contre-indication saisonnière comme un été indien avant la lettre, sorte de rejet post-estival, « Une semaine de vacances » de Christine Angot, avec Christine Angot dans le premier rôle. Un exercice de géniefluxion que le dithyrambe habituel renvoie en encensoir critique et dont l’éditeur n’hésite pas à dire : « Un court roman, une audace à couper le souffle, un morceau de littérature dont on ne sort pas indemne ? Jamais Angot n’a été si aigüe et si bouleversante ». Rien que ça ! Mazette littéraire. Heureusement, le livre fait 128 pages à 12 euros ce qui met la page à un peu plus de 10 centimes, donc en concurrence avec un carambar.
C’est fou ce que la rentrée, on n’a pas envie d’y entrer, qu’on traîne des pieds et qu’on garderait bien quelques grains de sable entre les orteils…
Ce qu’il faut retenir, si vous ne l’avez pas noté
. « J’ai le cancer, je suis en phase finale, je me
suis drogué mais je suis riche et je cours après le
bonheur, accessoirement les
honneurs » : si vous avez le profil, vous pouvez postuler, encore que,
faut faire vite… Trop tard ! Jean-Luc Delarue s’est éteint et la petite
lucarne est en deuil. C’était son choix, de tout dire. Pas de doute, ça se
discute.
. Fort de sa jambe dans le plâtre (il a eu cet été un accident de scooter à Capri, invité par son ami le PDG de Ferrari), Françoise Fillon a décliné la participation à l’amicale des Sarkozystes nécrosés réuni à Nice, histoire de casser les pieds de son ami Jean-François. Outre les pom-pom girls, Morano et Boutin, les duettistes Ciotti et Estrosi ont battu l’estrade sous l’œil attendri de Copé qui se demande quand même si tout ça n’est pas un emplâtre sur une langue de bois.
. Peut-être est-il songeur (Jean-François) sur le rapprochement générationnel possible entre lui et Jean-Luc. Ils sont tous les deux nés en 1964, à un mois d’intervalle. L’année 2012 serait-elle aussi fatale pour le premier, au moins pour ce qui est de ces ambitions présidentielles ? C’est Toute une histoire qu’il faudrait réécrire.
Ce qu’il faut noter, si vous ne l’avez pas retenu
. Le président normal a pris le train comme tout le monde, heureusement pour lui, il n’y a pas eu de retard, comme souvent. Imaginez la panne de caténaire ou un accident de personne, comme ils disent à la SNCF, et notre François arrivait exténué avec sa Valérie en pétard, lui une bouteille d’Evian pour éviter la pépie, et un sandwich mou en guise de sourire, elle un tweet ravageur pour le pauvre Pepy (Guillaume) qui s’en prenait plein la tronche.
. Dorénavant, quand j’arrive en gare de Lyon (ou de Montparnasse), je regarde s’il n’y a pas des caméras pour me demander mes impressions de voyage. Entre deux spots pour célibataires en quête de l’âme sœur et deux rots d’info en continue, BFM TV pourrait bien déléguer une stagiaire pour ferrer l’hameçon et savoir ce que j’en pense.
. Dans le registre des vacances comme monsieur tout le monde, Ayrault marque sa différence. Si son prédécesseur, Jean-François, était à Capri, ce qui ne lui a pas réussi puisqu’il a eu un accident de scooter chez son ami, le PDG de Ferrari, Jean-Marc a opté pour le camping, dont il est familier. De retour et plus ou moins chahuté par son gouvernement, il feint de ne pas être affecté : les ministres aboient et le mobil-home passe.
Ce qu’il faut comprendre, parce qu’on ne vous l’a pas dit
. A l’université d’été d’Europe Ecologie Les Verts, Cohn-Bendit boude, Eva Joly joue la fille de l’air mais la salle est bondée. Cécile Duflot se demande toujours si elle crèche bien au Ministère du Logement tandis que Jean-Vincent Placé se verrait bien en pléonasme ministériel c’est-à-dire placé à la gauche du Président et à la droite de Benoît Hamon, par exemple Ministre délégué à la verdure et aux feuilles de choux. Une chose est sûre, sans se mettre Martel en tête, ils n’ont pas pu arrêter Ségolène qui est venue en guest-star.
. A l’université d’été du PS à La Rochelle, là où le drame est encore sensible, Martine accueille les participants du bout des lèvres et avec une moue dubitative. Rester, partir ? Quitter la rue Solférino comme prévu ou se faire acclamer comme une rock star et attendre la standing ovation pour entamer l’escalade en rappel ? Une chose est sûre, Ségolène a pris le large et mis le cap sur l’Afrique du Sud pour rencontrer Mandela. Question désir (d’avenir), il semblerait qu’Harlem tienne la corde. Ne serait-ce pas une façon pour Martine de se lier pieds et poings à la rose ?
Ce qu’il faut ajouter, si vous ne l’aviez pas remarqué
. Comment ne pas finir cette chronique avec quelques nouvelles du grand absent : « vous n’entendrez plus parler de moi, en cas d’échec » avait-il pronostiqué en guise d’aveu, et il a presque tenu parole. On l’a bien vu à Marrakech, puis on l’a suivi au Québec et enfin il a fait trempette au Cap Nègre, mais il n’a rien dit, ou si peu. Il a quand même fait un saut à Berlin pour téter au sein d’Angela quelques compliments et l’entendre, dans un soupir, lui dire qu’elle regrettait le bon vieux temps de leurs sommets. « Ach ! Frantzçois zé pas pareil kavec toi Nikolas » lui a-t-elle répliqué en levant sa pinte de bière. « Achtung Angueula », lui a susurré l’ex, « méfie-toi de Hollande, il manie l’anaphore comme un verre de schnaps et pourrais t’enfumer, je sais, j’ai payé pour voir ». Sur ce, Carla est arrivée sur la pointe des pieds et lui a dit : « tu viens mon amoureux, j’aimerai bien un week-end à Venise, tu sais la Lagune, la place San Marco, le café Florian… ». Ce à quoi, le tic à l’épaule réapparu, il a enchaîné avec un zeste d’agacement : « Oui, je sais, les fientes de pigeons, les amours mortes, je sais, c’est un peu comme ça que je vois désormais ma relation avec les Français », et Carla lui a déposé un baiser sur la joue en concluant : « Après Berlusconi et Monti, je me demande si les Italiens ne pourraient pas t’adopter mon chéri ? ».
Henri-Jean Anglade
PS : deux mois sans chronique, il fallait bien ça pour reprendre langue (ou la tirer) et plume (pour la caresser) !
Illustration : Placide / Photo : HK
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