Il fut un temps, que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, où la télévision régnait en maître sur la période des fêtes et où les chaînes (au nombre de trois) rivalisaient d’imagination pour offrir aux téléspectateurs (et trices) des programmes spécialement étudiés selon les circonstances. Des adaptations de Jules Verne à Hector Malot en passant par Victor Hugo ou Arsène Lupin, les plus grands étaient conviés à nous éclairer et nous distraire avec brio. Claude Barma, Claude Santelli ou Jean-Christophe Averty étaient aux manettes pour nous donner à rêver ou à nous émouvoir. C’était un temps d’avant l’Internet, d’avant les smartphones, d’avant Google et Twitter, autant dire au siècle dernier, il y a mille ans…
A petits pas, pas Noël Une chose demeure cependant, immuable, c’est la croyance au Père-Noël et à sa capacité à drainer les audiences, via la cheminée ou le petit écran. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les programmes de la télé et de constater que le Père Noël truste toutes les tranches horaires et joue le rôle de nounou transgénérationnelle. Surfant sur la vogue en série depuis des lustres aux Etats-Unis, Santa Claus s’invite toutes chaînes confondues et dans toutes les situations. Il est vrai que là-bas, le Père Noël a toujours été une valeur sûre qui draine l’audimat et fait quelques succès à Hollywood, dans la peau de Schwarzenegger (La course au jouet) ou de Tom Hanks (Pôle Express).
Des Père Noël comme s’il en pleuvait C’est même une mode qui dure et qui s’exporte puisque j’ai constaté pas moins d’une douzaine de téléfilms dont le titre se veut une invitation à croire en l’illustre personnage venu du froid (ma liste est non exhaustive mais scrupuleusement prise dans le dernier numéro de Télérama n°3336/37, qu’on juge de la pertinence et du choix) :
La grève de Noël, La Baby-sitter de Noël, Mon Père Noël secret, Sauvez le Père Noël, Coup de foudre à Noël, Le Noël des sœurs March, Un cadeau de Noël presque parfait, Le sauveur de Noël, Un amour de Noël, Les douze voeux de Noël, L’esprit de Noël et jusqu’à L’avant-veille de Noël ou encore L’expérience de Noël, tous avatars américains auxquels il faut ajouter le franchouillard A la maison pour Noël avec Virginie Efira.
Pas de pitié pour le Père Noël C’est fou l’imagination des chaînes qui enfilent les Père Noël comme si c’était de la télé réalité, M6 et TF1 en tête, ce qui n’a rien d’anormal étant donné l’anémie de leur programmation. Comme quoi, il y a deux choses à se farcir en cette période, la dinde et le rescapé de la cheminée.
Je suggère quelques scénarii et titres pour les prochaines années : La fiancée (pirate) du Père Noël, La pizza du Père Noël, Le Père Noël se prend une bûche, Y’a d’l suie dans les idées, Le régime du Père Noël, Impair Noël, Crotte ma hotte est percée…
Et ce n’est pas tout… Tout ceci ne serait rien s’il ne fallait subir tous les bêtisiers de Noël, aussi bêtes que navrants, et les pseudo-comiques dont Les chevaliers du fiel chantent Noël, et autres niaiseries made in Disney. Heureusement, il reste la bougie, les livres et Tino Rossi : Petit Papa Noël, quand tu descendras du ciel, avec des cadeaux par milliers… ou encore à voir et à revoir la seule version qui mérite le détour, celle du Spendid avec Le Père Noël est une ordure. L’esprit (mauvais) français, versus l’esprit (good) américain, moi j’ai choisi, question d’humour ou de génération.
Henri Jean Anglade
NB (pour ceux qui auraient raté les épisodes, voici de quoi se rattraper) : Sauvez le Père Noël d’Yelena Lanskaya (2010), La Grève de Noël de Robert Iscove (2010), La Baby-sitter de Noël de Bradford May (2012), Mon Père-Noël secret de Peter Sullivan (2013), Le Noël des sœurs March de John Stimpson (2012), Coup de foudre à Noël du même en 2011, Un cadeau de Noël presque parfait de Jim Fall (2011), Le sauveur de Noël de Michael Feifer (2009), Un amour de Noël de Harvey Frost (2005), Les douze vœux de Noël de Peter Sullivan (2011), L’esprit de Noël de John Bradshaw (2011), L’Avant-veille de Noël de James Orr (2010), L’expérience de Noël de Corbin Bernsen (2012), A la maison pour Noël de Christian Merret-Palmair (2011)
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