Un post d'Henri-Jean Anglade qui prend le taureau par les cornes pour son premier billet de 2015.
A bientôt 90 ans (il est né le 4 avril 1925), Serge Dassault tient la forme, en tout cas, la barre de son journal. Et s’il n’est point d’éloge flatteur sans liberté de blâmer, le fringant nonagénaire s’octroie celle de donner des coups de bâtons au gouvernement socialiste dans le but de caresser la coulpe de son futur candidat, Nicolas II Sarkozy-Bruni.
Tribune libre de bailleur nous la baillant belle
C’est ainsi qu’il s’invite en première page du Figaro* pour nous adresser ses bons vœux. Des vœux légèrement orientés où il fustige l’hôte de l’Elysée en se posant la question « Comment sauver la France du désastre financier ? ». L’éditorialiste improvisé (mais il a de qui tenir puisque son père prenait régulièrement la plume dans son magazine Jours de France), regrette la méthode Coué de François Hollande dont l’optimisme béat le laisse dubitatif. « Oublions vite 2014. Pour la France, son économie et ses finances publiques, elle aura été tout simplement calamiteuse… On nous explique pourtant que la France ne va pas si mal… Cet optimisme de façade, ces pronostics à l’encre rose… sont suicidaires ». Est-ce l’effet Zemmour qui l’inspire ? Toujours est-il que le suicide mode d’emploi à la française est à la mode dans la bien-pensance de droite. Et notre Voltaire d’opérette de poursuivre : « La vérité est que l’heure est si grave… que la majorité plutôt que de multiplier les manœuvres de diversion sur le mariage pour tous, la réforme territoriale… devrait se poser une seule et unique question : que faut-il faire pour revenir à l’équilibre budgétaire ? ».
Arrête ton char Serge, tu charries des truismes. Il est vrai que l’ex maire de Corbeil, en connaît un rayon sur la gestion d’une municipalité, au point d’avoir quelques casseroles qui lui permettraient d’ouvrir une quincaillerie, n’étaient sa fortune et son impunité sénatoriale. Car Monsieur D, pour gérer sa commune au mieux de ses intérêts, arrose généreusement en liquidités ses administrés, du moins certains d’entre eux. A ce train (de vie) de sénateur, nul ne s’étonne qu’il continue de jouir des faveurs de la République, bonne fille à son égard. Sans parler des contrats militaires qui permettent à sa famille de vivre de solides rentes depuis des décennies. Donc, avec l’accord du Président de la République. Mais si la défense de ses intérêts ne fait pas l’ombre d’un mirage, ce n’est pas dans le désert qu’il entend prêcher. Prenant ainsi les lecteurs du Figaro à témoins, il continue sa charge en donnant des conseils au gouvernement : tailler dans les dépenses, revoir la fiscalité, baisser les impôts et même supprimer l’ISF, la taxation sur les plus-values et l’impôt sur les successions (se sent-il visé ?). Il conclut par un « voilà ce que François Hollande devrait faire sans attendre » avant d’achever sa tribune du nouvel an par des vœux au nom des journalistes du Figaro, auxquels il s’assimile comme pater familias.
Glandeur et servitude : papy Mougeot a encore frappé. Que celui qui a voté contre le PACS, affirme que la décadence de la Grèce antique vient de ses pratiques homosexuelles, accuse les chômeurs d’être « des gens qui ne veulent pas travailler », et qui tient l’essentiel de ses revenus des marchés de l’Etat ose s’ériger en donneur de leçons d’économie et de politique est assez cocasse. Quant au journal dont il squatte les colonnes, il est bon de rappeler que l’aimable vieillard a une vision très personnelle de la presse qui doit seulement diffuser des « idées saines » (les siennes sans doute). C’est certainement ce qui l’a incité à pousser ce cri du cœur à des responsables du CFJ (Centre de formation des journalistes » : « J’espère que vous allez cesser de former des journalistes de gauche. »
On voit par là que notre Papy Mougeot des médias devrait plutôt racheter les titres Disney pour s’assurer d’une couverture heureuse des évènements et nous faire croire que demain ce sera tellement mieux. Avec Mickey à l’Elysée, Pluto à Beauvau et Picsou à Bercy, c’est sûr, on se sent rassurés !
Henri-Jean Anglade
*Le Figaro week-end (daté du 3/4 janvier)
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