Après une longue absence hivernale, Henri-Jean est de retour. Et de belle manière puisque le thème de son billet est L’affront national. Lisons-le :
On n’est jamais trahi que par les siens, l’actualité nous le prouve au quotidien, mais quand s’y ajoute la dimension familiale, cela donne à la comédie politique son versant histérico-tragique, devrait-on dire hitlérico-tragique dans le cas de Jean-Marie Le Pen.
Entre pathologie destructrice et aveux pathétiques
Dans cette joute verbale par Rivarol interposé et autres micros tendus à l’ex-chef du Front national, le papy fait de la résistance en balançant à tout va. Une sorte d’épuration médiatique par logorrhée diarrhéique et nauséabonde. Pétain c’est mon copain, Kommandatur mon amour, les fours à gaz c’est négation la solution, en bref, le patriarche dégaze à tous les étages et dézingue à tour de voix. Bon pied, bon œil, pour celui qui lui reste, il a sa fille en ligne de mire et tire à vue. Après ses déclarations, il ose s’en offusquer et prétend qu’on veut mettre à bas son parti. Il veut laver l’affront national comme s’il était tacite que Marine devait accepter ses bouffonneries. Tu gobes ce que je dis sinon j’en fais une bonne sur Goebbels et tu te la prends dans la tronche pense-t-il tout haut, n’ayant guère supporté que le parti, son parti, puisse lui survivre.
Brutus en jupon
Tu quoque ma fi-fille semble-t-il dire à celle qu’il a placé là où elle se trouve, à la tête du Front national. La douce fille à son papa aurait pris le masque de Brutus, armée par son compagnon Louis Aliot et secondée par sa tête pensante, Florian Philippot, dit Phili-po-pot par Jean-Marie. « Que n’ai-je donc vécu pour voir cette infamie » en est réduit à éructer le vieux chef fatigué dont la tirade visiblement ne séduit plus grand monde, même au sein de ses troupes.
A qui profite le crime de lèse-paternité ?
La question qu’on est en droit de se poser reste celle de la mise en scène, ou non, d’une telle sortie. La dernière comme la pénultième étaient-elles préméditées ou bien sont-elles sortie de la bouche du géniteur comme une salve de déshonneur supplémentaire avant mise sur le banc de touche et désactivation des fonctions politiques ? Jean-Marie avait-il prévenu sa fille, au coin du feu, dans sa chaumière de Montretout en l’informant que c’était sa façon à lui de quitter les tréteaux ? Le bateleur borgne en avait-il assez de se faire marcher dessus par une ligne qui lui est désormais étrangère et ne se reconnaissait-il plus dans ce bureau national où il fait figure de papet ? Il n’avait pourtant pas ménagé sa peine pour la soutenir sa fi-fille, officiellement, tout en lui envoyant quelques bananes et accessoirement la nièce, comme torpille. La jeune et encombrante Marion Maréchal-Le Pen, trop bien née et nommée pour ne pas faire de l’ombre à sa tante. A moins que la sénilité n’ait fait son ouvrage et que Jean-Marie ne soit plus qu’un vieux phono qu’on remonte pour entendre sa rengaine et ses tubes des années 40 ?
Auf wiedersehen Mystère Le Pen
Ach ! Qu’il est dur de vieillir quand on est arrivé au deuxième tour de la présidentielle et qu’on voit se profiler la maison de retraite. Que son nom puisse être encore en haut de l’affiche en 2017, c’est une chose, et il y pense fort, mais qu’y soit accolé le prénom de Marine, ça vous facho son bonhomme. Lui qui avait fait de la gégène dans ses jeunes années militaires en Algérie, prenant pour de l’eugénisme national la torture qu’il pratiquait, il est à son tour, par un juste retournement du destin, victime du gégénisme filial. Après l’épisode Mégret et les 40 ligueurs à la fin des années 90, voici le revival Marine, Louis, Florian et les autres dans un épisode plus croustillant parce que dans le noyau dur familial. Une intimité où se nouent les haines recuites et les non-dits servis sur un plateau télé. D’autant que le populisme de la fille montre qu’elle a bien assimilé la leçon en masquant ce qu’il sous-tend de national socialisme.
Ce drame-là ne nous inspirera aucune larme et si c’est pour le pêcheur-prêcheur breton de la Trinité-sur-Mer, vieux loup d’amer, chantre du fascisme à la française, adepte de Maurras et de Pétain, son chant du cygne, nous lui faisons un signe de la main, en guise d’adieu définitif. So long Jean-Marie, ça ne nous fait pas de la peine.
Henri-Jean Anglade
P.S. : Achtung ! Dans le film qui se joue, ne nous leurrons pas, rien ne dit que le Bleu Marine lave moins blanc que le Front national version Jean-Marie. La fille a été à bonne école et son éducation n’a rien laissé au hasard. Si la crise actuelle amène au dénouement du père, Marine continue son émancipation et ne rêve que d’une chose, impair et passe, je passe au second tour. Tour de passe-passe, il nous appartient de montrer son vrai visage, pas celui de Jeanne d’Arc (qui n’est à personne et à tout un chacun) mais d’une fiancée pervertie de Pinocchio qui fait du racisme feu de tout bois et ment impunément sur les solutions factices et autres sorties de l’euro. Sur ce terrain-là, la vigilance doit nous tenir éveillés.
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