En attendant la sortie prochaine (dans moins d'une semaine) du livre d'Alexia aux Ed. Kawa, je vous fait patienter avec le Mot du Dr Editorial :
Je connais Alexia, depuis quelques années. Un jour, j’ai appris qu’elle avait décidé d’écrire un livre en prenant pour base tout ce qu’elle écrivait déjà depuis qu’elle avait 10 ans ; un livre sur sa maladie, car c’en est une et, qui plus est, une maladie mentale : l’anorexie. Notre premier rendez-vous, où elle avait le rôle d’auteure en herbe*, eut lieu un après-midi à l’Hortensia, un café-restaurant situé Place Pereire, à Paris, qui est mon quartier général ; j’y ai reçu pratiquement tous les auteurs des Éditions Kawa pendant la mise au point de leur livre. Alexia avait apporté ses documents : des dizaines et des dizaines de pages couvertes d’une écriture très serrée, comme les mailles d’un tricot, à l’encre violette. Et aussi une montagne de dessins tous plus beaux les uns que les autres.
C’était au début du mois de juin 2015, le 2 exactement, veille de l’anniversaire de son papa décédé 17 ans auparavant. Avant d’imaginer le livre, il fallait numériser tous ces écrits et tous ces dessins, les classer, trier ceux qui valaient la peine d’être publiés et écarter ceux qui n’auraient pas leur place dans ce livre. Autrement dit, un travail de titan, auquel Alexia s’attela avec détermination …tout en préparant son bac de français.
Notre rendez-vous hebdomadaire consistait à faire le point sur l’avancement du livre que vous tenez maintenant entre vos mains. Petit à petit, j’entrais dans l’intimité de cette maladie terrible, cette anorexie qui s’était nichée dans le corps d’Alexia, laquelle lui avait accordé une place grandissante à la suite de plusieurs chocs familiaux, sans en imaginer les conséquences terribles. Très vite, Alexia a dû vivre en compagnie des effets funestes de cette maladie qui ressemble à un appel au secours. Aujourd’hui, elle n’a plus qu’une seule idée en tête : guérir et s’en défaire à jamais.
Ce livre, que je suis fier d’éditer chez Kawa, est à la fois un livre thérapie, pour Alexia, et un livre qu’on lit avec une sensation double d’effroi et de plaisir conjugués, tellement son style est juste, frais et profond. Nous accompagnons Alexia dans ses multiples hôpitalisations, avec ses progrès (on se dit : « Ah enfin, on voit le bout du tunnel ») suivis de ses rechutes dans des abimes mortifères (on ne peut s’empêcher alors de murmurer : « Non, non, s’il te plait, non… »). Un livre très émouvant et aussi très utile pour toutes les familles qui ont un enfant anorexique.
Je ne résiste pas au désir de vous faire, sans tarder, lire un extrait :
Quand on a dû supporter l’insupportable, il est difficile de renoncer à faire accepter l’inacceptable.
Alors j'ai décidé de ne plus manger. De devenir transparente. Pour que l'on me voie davantage. Que l'on entende que je souffre. Que j'ai mal.
C'est en m'effaçant, en me soustrayant de la vie que j'ai trouvé le moyen de m'affirmer. D’arrêter de manger. J'ai toujours eu mal. Les plaies n'ont jamais cicatrisé. Seulement un jour, j'ai trouvé le courage de le dire en cessant de m'alimenter. Et quel courage que celui de vouloir mourir pour dévoiler au monde entier que ma seule volonté était de vivre.
Alexia, telle une psychologue, décortique et analyse, tout au long de ses années adolescentes, les sources de sa maladie, les rechutes, les parades, les tricheries, les espoirs, les déceptions…
Le combat est loin d’être simple. Encore moins évident. Me défendre, lutter, me battre, m’opposer, résister, continuellement (éternellement ?) me demande un courage, une vigueur titanesque. Et plutôt que d’approvisionner mon corps et mon esprit en énergie pour pallier cet épuisement, je m’abandonne à ma faim.
Bref, je ne suis pas sorti indemne de la lecture de ce livre, et vous aussi, cher lecteur, vous risquez d’avoir les yeux humides à maintes reprises. Pour aller plus loin, pour chaque livre vendu, les Edtions Kawa verseront un euro à l’association La faim du petit poids que va créer Alexia.
Inutile de préciser que tous les dessins de ce livre, y compris la photo de couverture sont de la main d’Alexia. N’ayant peur de rien, elle envisage même de les rassembler et de les donner à voir dans une exposition.
Henri Kaufman
* Alexia est la plus jeune auteure publiée aux Éditions Kawa. Elle a aura ses 18 ans le 11 Septembre 2015
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