Itinérance factuelle et mémorielle : ça tourne pas très rond
Le président de la République n’avait pas prévu dans son parcours du centenaire de la Grande Guerre qu’on lui chercherait des poux à toutes les étapes. Parler des poilus pour les chaines info c’est pas très sexy, alors ils cherchent poil à l’œuf sur tous les sujets quitte à faire enfler la polémique. Et les Français râleurs patentés observent. Et les observateurs railleurs sont tentés de conserve. Flagrance actuelle.
. Le prix de l’essence, les taxes, le chômage et maintenant Pétain, le Président est dans le pétrin. Les képis bleus à Verdun, descendus sous la mitraille, les gilets jaunes aujourd’hui, remontés vaille que vaille, Georges Macron et Emmanuel Clémenceau convoqués sur le champ de bataille, un seul homme pris en tenaille, tout cela fait pagaille. Un peu de respect ne ferait pas de mal. Bienséance mémorielle.
. Le moindre bout de phrase, la plus petite citation, tout est incitation à jeter de l’huile sur le feu. Guerre des audiences, guerre des tranchées. Réseaux sociaux, roseau pensant, commentaires à l’emporte-pièce, avis divergents, parti pris au karcher, pensée passée au détergent. Et dire qu’une génération a été sacrifiée pour en arriver là. A un siècle de distance, ne pourrait-on graduer nos remontrances pour éviter de se plaindre de tout quand bien même tout ne serait pas rose. « O tempora, o mores ! ». Insignifiance temporelle.
. Le professeur Mélenchon se pose en donneur de leçon, lui qui n’a rien trouvé à redire aux gerbes déposées sur la tombe du maréchal par François Mitterrand s’indigne que Macron rappelle simplement un fait historique que de Gaulle avait précédemment souligné. Oui Pétain a été le général victorieux à Verdun, Oui le maréchal est un vieillard indigne qui a bradé le pays aux nazis et honteusement fermé les yeux sur les déportations de juifs. Le Tartuffe insoumis refait son histoire de France à géométrie variable. En matière de poilus, il préfère sans doute les Barbudos. Résilience obsessionnelle.
. Ségolène revient sur le devant de la scène et se projette pour les prochaines élections. Aurait-elle des velléités vachardes contre Macron qui l’a laissée sur sa banquise dans sa mission de mère des Pôles et des aspirations revanchardes en vue des Européennes pour un banc conquise ? En tout cas, elle ne perd pas le Nord et se verrait bien en poste à Bruxelles. Permanence habituelle.
. Les élections américaines ont révélé plus que jamais un pays fracturé, et pas seulement par l’hydraulique qui fait jaillir l’or noir. Symboliquement, au Texas, le jeune poulain démocrate Beto O’Rourke a été battu par le vieux canasson républicain Ted Cruz. Pourrait-il remonter en selle pour 2020 et incarner la nouvelle génération ? Espérance graduelle.
. Trump a perdu la Chambre des Représentants mais conservé sa majorité au Sénat, il tweete a tout va, fier de ses prouesses et chantant ses propres louanges. Après avoir semé la haine pourrait-il récolter les lauriers en 2020 ? Ambiance mortelle.
. A voir la carte en rouge (côté Républicains) des Etats-Unis, on peut raisonnablement s’inquiéter de la progression des idées conservatrices et du Trumpisme de base de nombre d’électeurs. Le populisme a le vent en poupe outre-Atlantique comme en Europe. La seule différence entre les deux continents, c’est que là-bas c’est toujours le Far-West, ici, c’est un peu le phare Est. Entre Orban en Hongrie, Kaczynski en Pologne, Kurz en Autriche et Salvini en Italie, le cap européen a perdu sa boussole. Flatulence éventuelle.
. Avec sa bouche en cul-de-poule éructant contre le pool des journalistes présents en conférence de presse, Trump nous rappelle qu’il fut déjà un détestable présentateur de télé-réalité dont le discours s’achevait par « you’re fired ». Gouvernance conflictuelle.
. Pierre Vignon, le prêtre qui avait eu le courage de demander la démission de Philippe Barbarin, cardinal de Lyon, pour son silence coupable lors des récentes affaires de pédophilie, n’a pas été entendu. Bien au contraire, c’est lui qui est puni d’avoir osé s’exprimer à voix haute sur quelque chose que les autorités religieuses préfèrent taire. Il n’est pas reconduit dans ses fonctions de juge ecclésiastique et est prié de la fermer. Condoléance spirituelle.
. Harry et Meghan attendent un heureux événement l’année prochaine. Ouf, une bonne nouvelle pour les Britanniques. L’appelleront-ils Brexit si c’est un garçon ou Bridgit si c’est une fille ? Les paris sont ouverts : à 2 contre 1, le Brexit tient la corde, fut-elle raide. Echéance ponctuelle.
Henri-Jean Anglade
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