Le virus, le pangolin et les mandarins (écrit par HJ Anglade, en vers)
Dans un marché d’une ville chinoise
Deux péquins se cherchaient noise
Se querellant pour une histoire de victuailles
Au sujet d’un étrange animal à écailles
Nommé, ce qui est drôle, Pangolin
Doté d’une armure mais pas assez malin
Pour se protéger contre des humains
Prêts à l’assaisonner avec une gousse d’ail.
C’est ainsi que débute l’histoire
Dont Mister Pangolin est malgré lui
Le héros ou plutôt la victime expiatoire
D’un fait divers qui à sa sauvegarde nuit.
Car qu’ont les hommes à être si cons
De vouloir se parer de vertus magiques
En dévorant tels des gloutons
Un plat qui leur revient en farce tragique.
Le cocktail ainsi assaisonné
Serait aussi bien un virus hybride
Qu’une chauve-souris mal lunée
Aurait refilée en nymphe chrysalide.
Et la mondialisation jusqu’à lors heureuse
Devient soudain le problème
D’une interdépendance malheureuse
Qui change radicalement le théorème.
Toujours plus de sous-traitance,
Encore un effort dans l’insouciance
Toujours autant de mal-traitance
A quand un anticorps d’indépendance ?
Foin d’hypocrisie et de billevesée
Le monde continue de tourner
Même s’il semble à certains à l’arrêt
La pandémie nous met confinés
Mais demain les mêmes cons finis
Un peu farauds de faire leur jogging
Ressortiront finauds faire le shopping
Comme si de rien n’était en Armani.
Fouette cocher le postillon
Têtes baissées tels des taurillons
Nous fonçons vers le supermarché
Pourvu que le caddy soit bien rempli
Nous écoutons le médecin malgré lui
Comme une émission de télé-réalité.
Les mandarins donnent leurs avis,
Tantôt précis, dubitatif ou tranché,
Les Chinois restent eux retranchés
Mais au nom de la liberté, de la vie
Nous refusons la guerre de tranchées.
Les premiers tombés au champ d’honneur
Médecins, soignants, recevront la médaille
Plus tard puisque vaille que vaille
Sur leurs tombes ils n’ont pas l’heur
D’être accompagnés dans le malheur.
C’est ainsi que finit provisoirement
L’épisode coronavirien où tout un chacun
Selon ses actes ou manquements
Peut se voir à l’aune de son voisin
Et se sentir responsable de son destin
De celui des autres comme du Pangolin.
Alors que certains ont pris leurs cliques et claques
Pourvu que ce soit loin des miasmes
A la prochaine étape, bas les masques
Mais aujourd’hui le monde pagaie ou rame
A la ramasse et dans la plus totale pagaille
Sur le dos de notre pauvre Pangolin
Qui de Chine se carapate derrière la muraille
Et qu’un président américain se croit plus malin.
Moralité :
A tromper la nature, on renie ses origines
A se croire supérieur, on dépend de la chloroquine.
Moralité (bis) :
Sauve qui peut contre chauve qui rit.
Henri-Jean Anglade
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