(épisode 59) Théorie de la relativité Covidienne ou la crise nous rend-elle amnésique ?
Avides de superlatifs mais ignorants des faits, les médias se repaissent de la crise du Covid comme on se repasse une leçon d’histoire sans trop savoir où placer le curseur, faute de culture générale et d’un rapport au temps.
Dans leur grandiloquence à penser que leur époque est unique et que ce que nous vivons est sans autre exemple, ils sautent allègrement les siècles et nous projettent dans un futur dont ils dessinent les contours à l’aune de leurs conclusions hâtives.
Sans aucune hiérarchisation, ce qui est déjà une première et grossière erreur, ils annoncent leurs prédictions et ânonnent au moins des évidences qui ne sautent aux yeux que des experts patentés qui sont reçus en boucle sur leurs plateaux télé. Des mages qui officient en complément de bouche, soit dans d’autres organes de presse où ils gobent l’air du temps comme des crapauds dans un bocal qui leur tient de repaire, soit à l’université où ils ont chaire. Sauf que cette soupe qu’on nous sert, de l’entrée au dessert, est indigeste.
J’en veux pour preuve cette formulation qui n’est jamais étayé et surtout qui fait fi de la réalité : nous vivons l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire française (quand ce n’est pas de l’humanité).
Ainsi énoncée, la sentence laisse coi, à tout le moins le cul par terre ou enfoncé dans son canapé, lieu du rendez-vous télévisuel par excellence.
Cet avis qui vaut vérité en guise de préambule et de rappel du drame, que l’on nous serine et que j’ai réellement entendu sur une chaîne publique mais qui court à peu près partout, relayé par copier-coller sur les antennes et dans bien des rédactions est à mes yeux non seulement une approximation éhontée, un mensonge par omission/émission mais aussi, et c’est tout aussi grave, une façon d’infantiliser les citoyens en les ramenant au niveau du cours élémentaire, sans aucune mise en perspective des chiffres et des faits, à croire que ceux qui en parlent se complaisent dans cette surenchère néfaste et erronée.
J’ai donc pris la machine à remonter le temps et j’ai remis le compteur en route sur quelques dates ou époques qui me semblent mériter de s’y arrêter, ne serait-ce que pour replacer la nôtre dans son contexte et mesurer ainsi la chance que nous avons de subir cette crise dans un environnement si protégé et protecteur.
Certes, l’épidémie est réelle et potentiellement inquiétante. Certes, les crimes et la misère existent toujours. Certes, la guerre – la vraie – fait rage en certains points du globe... Certes, les dictateurs font un retour en force dont un sur le Bosphore qui prend Sainte-Sophie en otage... Certes la mondialisation n’est pas forcément heureuse...
Mais de grâce, comparons ce qui est comparable et regardons la situation non pas avec des lunettes grossissantes et déformantes mais avec un compas dans l’œil, expression attribuée à Michel-Ange, dont il faut rappeler qu’elle ne veut pas dire être borgne ou voir l’actualité par le seul petit bout de la lorgnette, mais être précis et disposer de toute son acuité.
A tous ceux qui balancent les formules à l’emporte-pièce autour de cette crise, dont nul ne nie la gravité, comme étant l’un des pires vues et vécues, et qui se mettent le doigt dans l’œil, volontairement ou involontairement, voici quelques dates choisies, balises posées sur deux millénaires afin de relativiser ce moment-ci par rapport à d’autres qui, eux, ont failli faire vaciller la planète ou du moins emporter une partie de l’humanité, parmi nos aïeux, proches ou lointains, ici ou là.
Henri-Jean Anglade
(à suivre...)
Demain les 10 dates à connaître pour éviter de croire que la crise actuelle est pire que toutes celles qui l’ont précédée et apporter un peu de nuances dans ce monde d’incultes.
Commentaires