Brexit cuvée Bojo nouveau
La tradition du Beaujolais nouveau perdure et c’est tant mieux. En des temps troublés, le vin bourguignon, picrate pour les uns, gouleyant pour les autres, de piètre, de moyenne ou de bonne qualité, selon les années, garde cette aura qui lui vaut bénédiction en France comme dans le monde entier.
Les Anglais ne sont d’ailleurs pas les derniers à le fêter, si bien qu’il nous a paru amusant de décliner ce millésime avec l’actualité dont Boris Johnson, appelé familièrement Bojo, ferait les frais ou en aurait les honneurs, au gré des humeurs. Comme dit le proverbe, tous les chemins mènent arôme, Londres ou Bruxelles...
Merci Henri-Jean Anglade pour cette poésie en vers, et merci pour la photo du Beaujolais village...
Le Bojo nouveau est arrivé
et il n’est pas mort dans un fossé
même s’il avait promis de s’y coucher
il n’en est pas un mensonge près.
Le Beaujolais nouveau est tiré
il faut le boire tant qu’il est frais
c’est une question de santé
et de plaisir commun à partager.
Le Bojo nouveau lui n’est pas tiré
d’affaires et pourrait se retrouver
fort marri d’élections anticipées
qu’il croit à sa faveur maîtriser.
Le Beaujolais nouveau est sacré
un rendez-vous avec ses festivités
comme un rituel païen sanctifié
au cœur de l’automne mordoré.
Le Bojo-laid est un verre à moitié
plein de promesses renouvelées
que le Bojo-beau se plait à porter
comme étendard de sa duplicité.
Le Beaujolais nouveau rend gai
c’est le pouvoir qui lui est accordé
belle robe rubis, notes épicées
goût de banane dans le palais.
Le Bojo nouveau ne rend pas gay
mais le Brexit fait tanguer/divaguer
et divorcer couples/amis consternés
que le pouvoir ne sache discerner.
Le Beaujolais nouveau est versé
les arômes sont bien réveillés
fruits charnus et un brin boisé
levons le verre de l’amitié.
Le Bojo lui n’est pas si frais
il a peur que l’électeur s’effraie
et comme pour Teresa May
le renvoie sans autre majorité.
Le Beaujolais nouveau est français
dans son caractère bien trempé
dans son esprit alambiqué
dans sa fraîcheur et sa légèreté.
Le Bojo nouveau est très anglais
dans son éducation oxfordisé
dans son humour second degré
dans son style provoc assumé.
Le Beaujolais nouveau est surfait
c’est un pur produit marketé
qui a bâti toute sa notoriété
sur un concept de mentir vrai.
Le Bojo nouveau est au taquet
des travaillistes qu’il a attaqués
sur tous les fronts il s’est agité
sa tignasse en bataille échevelée.
Le Beaujolais nouveau est marqué
du sceau de son cépage gamay
ce qui lui donne ce nez fruité
et cet arrière-goût bonbon-anglais.
Le Bojo nouveau est à quai
il a pris le risque d’une saucée
mais il se bat dans l’adversité
car Jeremy turbine à le contrer.
Le Beaujolais nouveau est fêté
quand les lèvres humectées
d’autres préfèrent l’heure du thé
question de soif ou de satiété.
Le Bojo nouveau veut rempiler
en prendre pour cinq années
et dans les livres s’assurer
que la Livre sera renforcée.
Le Beaujolais nouveau est porté
par une ferveur qui sent monter
la fièvre du jeudi soir emportée
dans cette joyeuse convivialité.
Le Bojo nouveau se voit premier
Ministre de Sa Gracieuse Majesté
pour effacer l’affreux Jojo moqué
sitôt adoubé en preux Bo chevalier.
Le Beaujolais nouveau est non filtré
car c’est un vin bien élevé
qu’on choisit pour sa primarité
et dans l’éclat de sa jeune maturité.
Le Bojo nouveau est infiltré
par des courants contrariés
Leave et Remain opposés
la cuvée Brexit les a laminés.
Le Beaujolais nouveau est prêt
à être humé, bu et dégusté
autour d’une table dressée
dans une aimable fraternité.
Le Bojo nouveau est irrité
par les empêcheurs de brexiter
qui labourent sa vérité
mais il savoure son avancée.
Le Beaujolais nouveau débouché
se déguste sans souci du passé
dans une urgente immédiateté
où le sondage de comptoir fait autorité.
Le Bojo nouveau se complait
Dans ses contradictions éhontées
Chez les Tories ce sera la curée
Une fois Jeremy Corps-Bain coulé.
Seul hic...
Le Beaujolais nouveau déplait
A ceux qui font mine de rejeter
Ce liquide trop vite pressé
Qui pour eux n’est pas charpenté.
Le Bojo nouveau lui aussi apparaît
Comme un vulgaire succédané
D’une potion au goût amer-salé
et d’un présent en état décomposé
Le Beaujolais nouveau est ainsi fait
qu’il ignore les snobs et les étriqués
les coincés du col ou cul serré
sa seule étiquette c’est son fair-play.
Le Bojo nouveau boit du petit lait
quant à Winston il est comparé
ou qu’il se mire dans son reflet
regardant son ventre replet.
Heureusement comme le Beaujolais
il a la banane et croit en sa destinée
il se voit déjà la coupe pleine évidée
d’un vain sursaut ou d’une victoire ailée.
Henri-Jean Anglade
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