Une nouvelle chronique BD de Timothée Kaufman, parue sur le site BD@BD. A noter que j'adore le travail d'André Juillard que je connais et apprécie énormément depuis... bien longtemps.
Le synopsis du Lombard : 1948. La création de l'État hébreu ne va pas sans heurts, à commencer par les bombes égyptiennes qui pilonnent régulièrement Tel-Aviv. Tel David face à Goliath, Israël ne peut opposer aux chasseurs "Spitfire" ennemis que quelques vieux « Mezek » pilotés par des volontaires juifs venus de tous les pays mais aussi par des mercenaires accourus de plus sombres horizons... Björn est l'un de ces goyim venus risquer leur vie pour quelques milliers de dollars, un prix qui reste en travers de la gorge de ses confrères combattant, eux, pour leur idéal !
Yann et Juillard unissent leurs talents au service d'une véritable épopée, celle des débuts de l’aviation militaire israélienne et nous offrent surtout une puissante et complexe histoire d'amour...
La Chronique de Timothée :1948. Les Nations Unies ont voté la création d’Israël, mais ont interdit au jeune Etat d’avoir une armée. Pour lutter contre ses ennemis, infiniment plus puissants et mieux organisés, l’Etat Juif fait appel à des mercenaires venus des quatre coins du monde pour se faire de l’argent, se racheter, ou tout simplement tuer.Parmi ces hommes, Björn, mercenaire suédois, goy de surcroît, vit avec un lourd secret qui le hante depuis des années. Bien qu’il soit le meilleur pilote de Mezek, avions tchèques miteux mais seuls avions disponibles pour Israël, il est constamment rejeté par les membres de l’escadron 101. De plus, les luttes entre pilotes aguerris et jeunes soldats avides de victoires se font de plus en plus violentes. Quand une série de sabotages rend le climat électrique, la confiance n’est plus de mise et seul l’instinct de survie fait la différence.
Après avoir travaillé sur Le Grand Duc, autre épopée aéronautique racontant l’histoire de deux pilotes, l’un soviétique, et l’autre allemand, pendant la Seconde Guerre Mondiale, Yann livre avec Mezek, un album excellent, peaufiné dans ses moindres détails. La justesse des évènements, comme les luttes fratricides, les attaques égyptiennes, ou les sacrifices forcés, donne à Mezek, une dimension historique jamais vue auparavant. Yann évite avec brio tous les sujets à polémique concernant l'état d'Israël… On peut tout de même trouver gênant le trop plein de dialogues sur certaines planches. L’emploi de mots en yiddish est parfois déroutant, et pour atteindre la perfection, un lexique aurait pu être ajouté.Juillard, quant à lui, donne à sa BD une prestance incroyable. La justesse des traits, l’harmonie des couleurs, tout est parfait pour se croire dans l’Israël des années 50. Le travail sur les avions, les uniformes, et même sur le décor est le résultat d’une recherche encyclopédique.Les connaisseurs reconnaîtront ici la patte du dessinateur des 7 vies de l’Epervier, (le physique des femmes est plus que révélateur) ou de La Machination Voronov, tome 10 de Blake et Mortimer, et ne pourront que saluer le travail d’artiste réalisé ici.
Les deux auteurs, Yann et Juillard, grâce à leurs talents, nous permettent de comprendre les origines de l’Etat Juif tout en prenant plaisir à découvrir une époque trop souvent occultée des mémoires. Mezek, a peine sorti, fait déjà partie des classiques à avoir lus.
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