Encore un chapitre de Henri-Jean Anglade. Quel volume textuel !! --->épisode 47 Déconfinews : en bref et sans concession...
. Après le manque, le trop-plein : la surproduction de masques menace la France. Environ 300 entreprises de textile produisent des masques lavables en tissu depuis que l’Etat a fait appel à elles. Résultat, avec 30
millions d’unités par semaine, c’est trop pour le marché qui commence à s’étioler étant donné que les Français sont peu portés sur cet allié contre un virus qui commence à s’essouffler. C’est ce qui s’appelle être contre-productif.
. Après le trop-plein, le manque : la France est le pays des festivals, de théâtre, de musique, de chant, de baroque, de marionnettes, de cirque, d’arts de la rue..., il y en a des milliers, du plus petit village perché sur sa colline en Ardèche jusqu’à Avignon qui draîne à lui seul plus de 100 000 spectateurs pour 1500 spectacles. Près de 20% des français participent à un festival. Alors que le rideau est tombé sur les scènes, que vont-ils faire ? Masque d’Arlequin ou de Colombine, masque de Pierrot ou de Chloroquine... Masque yes, ou masque nô ? Scènes de ménages a déjà été joué durant la crise, scènes de vie en alternance de mises en scène improvisées pourraient se substituer à cette pénurie de festivals. Une chose est sûre, grâce à tous les commentateurs du déconfinement dans les coulisses, le festival des cons est bien parti pour y remédier.
. Après l’annonce, le vide : effet inattendu, le Covid risque de vider les caisses des banques. En cause, les provisions que les banques sont obligées de faire pour pallier les défauts de remboursement des clients, particuliers comme entreprises. En déboulant, la pandémie a entraîné un ralentissement économique qui fait craindre une récession. Du coup, la BNP a provisionné 1,4 milliard, la Société Générale déjà habituée à de généreuses provisions avec l’affaire Kerviel en met 5 milliards, HSBC en
serait pour un peu moins de 3... Ce côté écureuil pré-estival n’a pas de quoi rassurer sur la situation cet automne. En attendant, la glace aux noisettes devrait avoir le goût de la liberté et beaucoup de succès sur les plages.
. Après la crise, la cerise : effet inverse ou son corollaire, les Français ont gonflé leur bas de laine et déposé 55 milliards dans les caisses des banques et les économistes pensent que cette somme pourrait doubler d’ici à septembre. Bingo ! Sauf si cet été, ces incorrigibles français jouent au casino et misent tout à la roulette. L’Etat se penche sur ce jackpot et réfléchit à un grand emprunt russe qu’il rembourserait avec des clopinettes.
. Après la crise, l’oubli : habituellement, l’été est la saison des abandons, celui des animaux, sur le bord de la route, celui des personnes âgées, dans les Ehpad, au bord du lit. Cette année, coronavirus oblige, la saison a démarré avec un peu d’avance, dès ce printemps. Plus du tiers des 29 000 décès serait à enregistrer dans ces établissements où la comptabilité macabre n’a débuté qu’à partir du 2 avril ce qui en laisse quelques milliers hors de contrôle. Léthé est la personnification de l’oubli dans la mythologie grecque. L’été est la représentation de l’hédonisme dans le mythe des vacances de notre société consumériste.
. Après la crise, la rumeur : une note de Gilles Le Gendre, chef de file des députés LREM, à destination du Président lui aurait proposé un remaniement et une liste de ministres potentiels. Parmi ses suggestions, Le Maire ferait un Premier ministre qui « porterait parfaitement la reconstruction » malgré un charisme d’huître, Le Drian aurait
l’inconvénient de faire un peu vieux briscard de l’ancien monde malgré son expérience. Dans cette liste secrète mais habilement sortie, figurerait Valls, de retour de son exil catalan qui pourrait obtenir le portefeuille des
Affaires étrangères, ce qui ne manquerait pas de laisser perplexe les barcelonais à qui il avait fait une déclaration d’amour, Castaner passerait de l’Intérieur aux Armées, promotion étrange pour un commandant contesté à Beauvau, et Darmanin, le Ch’ti du gouvernement, réélu à Tourcoing, se verrait récompensé par les Affaires sociales, après avoir fait le tour des Comptes publics, ministère où il semble s’ennuyer dans son
coin. Quant à l’auteur de la liste, il s’octroie d’autosuffisance le ministère
des Relations avec le Parlement. Mais, malgré sa barbe blanchie, Edouard Philippe a-t-il envie de quitter le navire ? D’ailleurs a-t-il démérité ? Qui écopera de Matignon ? Comme toute fuite, l’information a été délivrée pour fermer le clapet des ambitieux ou alimenter le tuyau des ambitions.
. Après la pluie, le rayon vert : Martine Aubry prête à tout dans la surenchère municipale, propose un lancement par l’Etat d’un projet de reconstruction écologique pour un montant de 50 milliards par an destiné aux collectivités vert-ueuses. La tueuse de la compétitivité avec sa recette des 35h par semaine qui a tant coûté à la France cherche à remonter sur le ring et assène son coup de poing en uppercut au gouvernement : « les dépenses écologiques ne doivent pas être prises en compte dans la réduction des déficits au niveau européen ». En matière de recyclage, Martine songe au compost de ses idées pour relancer sa carrière. Après maturation, cela fera-t-il un mandat fertile pour les Lillois ?
. Après le doute, la déroute : la crise du coronavirus l’a épargné, mais celle de sa gestion de la ville de Lyon l’a contaminé. Collomb est à peu près assuré de perdre. Vieux grognard de la Macronie revenu grognon de la place Beauvau sera groggy. Revirement de tendances qui prouve que pour garder sa place il vaut mieux virer au vert. Mais il est vrai qu’à son âge, son pull rose et vu son état, Collomb a du mal à le rester (vert).
. Après la déroute, la remontada : à l’opposé à Paris, Hidalgo a terrassé ses adversaires. Elle est quasiment assurée de gagner. Décidément le renversement du monde prôné par Macron n’a pas produit l’effet escompté. Et la Rem va faire d’Hidalgo la reine alors qu’il y a un an elle était destituée. Moralité : âne bâté ne fait pas Anne battue.
. Après la maladie, la rechute : Boris Johnson ne se départit pas de son humour en lançant à la Chambre des communes : « Nous avons réussi à protéger notre système hospitalier, le nombre des décès diminue et le bon sens du peuple britannique va continuer à lutter contre le virus. » Avec plus de 40 000 morts, il ne manque pas d’aplomb et suggère à ses compatriotes de se shooter à l’euroscepticisme pour faire barrière au virus. Ce que son conseiller de l’ombre, David Cummings, malmené pour
avoir violé les règles de confinement, voudrait taire en minimisant la faible
portée de son geste hors de barrière. Contesté par une aile du parti conservateur, Bojo garde sa morgue réjouie tandis que les morgues du royaume se remplissent. Pourtant, au Spectator, magazine dont il a été rédacteur en chef, il y a vingt ans, certains commencent à douter jusqu’à publier une tribune où il est dit que « Boris Johnson n’est pas apte à gouverner ». Une affirmation en guise de diagnostic. Le covid-19 aurait-il comme effet secondaire de rendre extralucide ?
Henri-Jean Anglade --->à suivre.
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