Ne voyant pas venir significativement les baisses de prix dans mes restaurants favoris, je vous ai proposé pour en avoir le cœur net, un sondage il y a 3 jours. 52 personnes ont répondu à ce sondage, à date. Ce n'est statistiquement pas significatif mais néanmoins les tendances sont claires.
Les résultats sont accablants; il semblerait que cette mesure résultant de la promesse de J. Chirac, promesse tenue par son successeur (bizarre...) n'ait eu pour effet - sauf dans les grandes chaines de restauration- que d'augmenter à court terme les marges des restaurateurs. Les promesses d'investissement ou d'embauche semblent être des promesses de circonstance. Bref, un coup pour rien ? un coup d'épée dans l'eau ? une mesure de clientélisme ? Il y a quelque chose de certain, c'est que la baisse de la TVA va surtout diminuer les recettes fiscales et donc augmenter nos dettes.
Dominique Seux, chroniqueur aux Echos et à France Inter a sur le sujet un point de vue intéressant que je vous invite à lire ICI ou à regarder ci-dessous.
TVA restauration : une mauvaise idée
[ 11/03/2009 - 09h41 ]
Les ministres européens des finances ont donné leur accord, hier, à la baisse de la TVA dans la restauration.
On peut tirer son chapeau - et c’est dit sans ironie - à la profession
des restaurateurs qui a fait preuve d’une persévérance à toute épreuve,
notamment celui qui a été longtemps son porte-parole, André Daguin.
Chapeau bas aussi aux gouvernements qui se sont succédés depuis près de
dix ans. C’est Martine Aubry, alors au gouvernement qui, la première, a
lancé l’idée en 2000. Elle a été reprise, avec plus d’écho évidemment,
par Jacques Chirac en 2002 pour ancrer un électorat tenté de le bouder,
puis par Nicolas Sarkozy en 2007. On dit souvent que les promesses des
politiques n’engagent que ceux qui les écoutent, eh bien, voilà une
promesse tenue. Et cela n’a pas été facile, les Allemands ont lutté
longtemps, ils avaient encore dit non sous présidence française, ils
ont dit oui sous présidence tchèque - on ne sait pas pourquoi. Donc,
c’est une bonne nouvelle pour Nicolas Sarkozy.
Sur le fond, est-ce une bonne initiative ?
Quand on voit autant de zèle, c’est difficile de le dire : la promesse
a été tenue, mais le problème, c’est de l’avoir faite. C’est une
victoire politique, pas économique. La raison pour laquelle la
restauration doit bénéficier d’un traitement de faveur par rapport aux
autres activités est un mystère. D’autres sont en difficulté, d’autres
créent des emplois, d’autres font face à la concurrence. En plus, la
restauration n’est, évidemment, pas délocalisable. Au départ, il
s’agissait de mettre les restaurants, avec une TVA à 19,6%, à armes
égales avec la restauration à emporter, les fast-foods, qui vivent avec
une TVA à 5,5%. Ensuite, il s’agissait d’augmenter les salaires et de
créer des emplois. Maintenant d’en préserver. En réalité, les
engagements déjà pris - et qui le seront demain par la profession -
sont invérifiables, comme la baisse des prix pour les clients. Enfin,
la TVA à 5,5% est normalement un taux social sur des produits de grande
nécessité, comme l’alimentation. La restauration, que l’on apprécie
tous, ne mérite pas ce taux social.
Cette opération sera coûteuse, de plusieurs façons.
D’abord, la Commission a enterré hier l’idée d’une TVA sur des produits
verts, en disant : ça suffit ! Ensuite, financièrement, le coût
dépendra de l’ampleur de la baisse de la TVA. Si le taux de 5,5% est
retenu, Nicolas Sarkozy le souhaite, cela pourrait aller jusqu’à 3
milliards d’euros. Si un taux d’environ 10% est retenu, je n’y crois
pas, ce sera moins. Au passage, tout ça va être complexe, puisque la
TVA sur le vin à table va rester à 19,6%. Mais le vrai problème est
ailleurs : faire croire qu’en ce moment, le tiroir-caisse est grand
ouvert, au nom de la crise, ce que beaucoup de monde pense. Pour les
banques ou l’automobile, ce sont des prêts. Mais le déficit de l’Etat
dépasse les 100 milliards d’euros. Et l’argent serait plus utile pour
l’université ou la recherche.
Cette affaire en dit aussi long sur le fonctionnement de l’Europe.
Ce marchandage européen est incongru : 27 ministres des Finances ont
débattu hier pour savoir s’il fallait baisser la TVA sur un péage à
Lisbonne. Plus largement, s’il est logique que l’Europe s’occupe de la
fiscalité sur les produits, c’est moins évident pour les services, non
délocalisables. Et on aimerait autant de pointillisme pour harmoniser
la fiscalité de l’épargne. Pour toutes ces raisons, on peut dire que
pour la TVA restauration, la baisse du prix du service n’est pas
compris !
Cette baisse de la TVA il fallait la faire il y a bien longtemps et le secteur de la restauration ne serait pas dans l'état sinistré dans lequel il se trouve aujourd'hui.
Lorsqu'une mesure intervient trop tard ce n'est pas dans les mois qui suivent son entrée en vigueur qu'il faut espérer voir un résultat.
Lorsque les décisions sont prises à contre-temps il faut des années pour inverser la tendance.
Cette baisse il fallait la faire, on ne va pas se plaindre parce que les impôts baissent ! L'impôt étant de toute façon fait pour être redistribué avec au passage un prélèvement pour faire fonctionner le fisc. Alors pour une fois que le redistribution se fera directement par ceux qui gagnent l'argent, attendons de voir. L'erreur qu'a fait le gouvernement c'est de communiquer sur une impossible baisse des prix. Il fallait faire passer cette baisse sans tambours ni trompettes. Les résultats de cette baisse se feront sentir dans 3 ans.
Dans un premier temps les restaurateurs vont renflouer leur trésorerie donc pendant un an il n'y aura pas d'effet visible pendant une année environ. Puis ils vont se mettre à investir dans la réfection de leurs locaux et de leurs cuisines qu'ils mettront aux normes d'hygiène européennes, c'est seulement à partir de ce moment là qu'il y aura un effet positif sur l'emploi, mais ça ne se verra peut être pas au niveau de la restauration et c'est seulement une fois l'outil technique modernisé que les embauches pourront commencer dans le secteur.
Alors loin d'être inutile, c'est la vision à courte vue, c'est une excellente mesure à long terme donc inutile de s'agiter aujourd'hui.
Saluons plutôt le courage politique de Sarkozy dans ce dossier qui va contre l'avis de ses courtisans (Dominique Straus-Kahn, Philippe VAL deux personnes qui en leur temps étaient farouchement opposés) j'écris cela d'autant plus facilement que je suis un anti-Sarkosiste, mais lorsqu'il fait quelque chose de bien, même à contre-temps. Je trouve même que la plupart des mesures prises, trop tard certes, sous la pression de la crise, sont bonnes et cette baisse de la TVA fait partie de ce plan d'ensemble.
Rédigé par : Hubert Léger | 05/10/2009 à 10:25