Souvent, il est préférable d'être un "abandonniste" qu'un héros. Prenons un exemple : vous estimez qu'un certain travail peut se faire en deux heures. Et après 4 heures de travail, vous n'êtes arrivé qu'au quart de ce qu'il y a à faire. Votre instinct naturel vous souffle à l'oreille de ne pas abandonner maintenant, puisque vous avez déjà consacré 4 heures à ce travail. Et c'est là précisément que vous vous transformez en héros ; vous êtes déterminé à aller jusqu'au bout (et assez vexé de ne pas avoir déjà fini). Donc vous faites le dos rond, vous soupirez et vous vous enfermez à double tour (au propre comme au figuré) pour finir ce travail qui n'en finit pas de finir...
Et c'est pour cela que vous êtes submergé de travail. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Probablement pas. Cela en valait la peine si le travail avait été accompli dans les deux heures prévues initialement, mais ce n'est plus le cas s'il dure 16 heures. Parce qu'en 16 heures, vous auriez
fait plein d'autres choses et qu'en vous enfermant ainsi, vous vous privez du feedback des autres et vous risquez de vous enfoncer encore plus. Même les héros ont besoin de temps en temps d'un avis extérieur, d'un œil neuf qui les ramène à la réalité.
Dans une entreprise, on peut décider que si tout travail prend plus de deux semaines, il faut demander un avis extérieur. Regardez vous dans la glace, mettez votre égo dans votre poche et peut-être verrez vous que vous êtes sur une mauvaise piste. Vous prendrez conscience que la bonne décision est d'arrêter. Un arrêt n'est pas forcément synonyme d'échec. C'est même parfois le contraire, c'est l'obstination qui est un échec.
Si vous estimez avoir passé suffisamment de temps sur une mission et que vous n'en voyez pas le bout, stoppez. Le temps perdu n'est jamais rattrapable. Et si vous persistez, vous risquez à coup sûr d'en perdre encore plus.
Bonjour Henri et merci pour ce conseil du lundi supplémentaire. Rework est dans ma shopping-list...
Excellente semaine!
Rédigé par : Lilian | 14/06/2010 à 07:59
étrange ce conseil :)
Rédigé par : baka | 14/06/2010 à 22:31
Ce que vous décrivez dans cet article correspond je crois à ce que les socio-psychologues appellent une "conduite d'engagement". Une excellente explication ainsi qu'une illustration du piège que constitue la "conduite d'engagement" se trouve, si mon souvenir est exact, dans le "petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" de Joule et Beauvois (Presses Universitaires de Grenoble).
A partir du moment où une personne a décidé (ou accepté)de faire quelque chose il devient difficile pour elle d'accepter de cesser de la faire même si le résultat escompté ne vient pas. Pire, plus on passe de temps à cette chose plus il est difficile de l'abandonner. Exemple : l'attente à un arrêt de bus d'un bus qui ne vient pas. Plus on attend, plus on reste en se disant qu'il va bientôt venir... et on peut ainsi passer un temps plus que déraisonnable à attendre un bus qui ne vient pas (avant d'envisager d'autres solutions, de s'ouvrir à d'autres perspectives).
Rédigé par : Castworp | 17/06/2010 à 18:35