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Viennent après l’environnement, les horaires et les conditions de travail
Sur ce vaste sujet, les témoignages des répondants sont pour le moins contrastés : soit s’exprime une totale satisfaction, soit - de manière particulièrement véhémente - les collaborateurs se plaignent de leur environnement, horaires et conditions de travail. Notons, pour être exhaustifs, que nombre de sondés n’ont pas souhaité donner leur avis tant ils sont habitués, résignés au mal vivre qu’ils ressentent sur leur lieu d’activité.
Comment expliquer une telle dichotomie entre « vie normale » et vie en entreprise ?
Pourtant, il apparait relativement simple de faire en sorte de rendre (plus) agréable cette dernière, ne serait-ce qu’en ré-instaurant une forme d’intimité ou en proposant aux collaborateur un accès libre à toutes sortes d’activités extra-professionnelles (sport, …), à une cafétéria destinée à redevenir un véritable lieu de vie, de rencontres, d’échanges.
Clairement, une entreprise qui assumerait le choix d’associer véritablement les acteurs « terrain » à la disposition physique de leur environnement de travail quotidien et de leur proposer des activités extraprofessionnelles répondant à leurs attentes passerait un message fort à tous ses collaborateurs :
« Nous prenons soin de vous ! »
Pour ce qui est des horaires et conditions de travail – ou plutôt de leur compatibilité avec le développement en parallèle de la vie privée des collaborateurs, les réponses obtenues laissent entrevoir une bipolarité entre satisfaits et critiques (majoritaires).
Concernant les horaires, beaucoup de collaborateurs ont le sentiment que leurs contingences privées (enfants malades, problèmes de nourrice, soucis du conjoint, etc.) sont occultées par principe, au bénéfice d’une «culture du présentéisme».
Il serait, à mon avis, utile de songer, pour nos entreprises : à s’ouvrir aux expériences vécues avec succès dans le rapport à l’homme à l’international pour sortir du syndrome franco-français du "présentéisme", d’accepter d’envisager qu’en faisant l’effort de s’adapter aux besoins des collaborateurs, ceux-ci sont beaucoup plus productifs que sous la contrainte…
Il va sans dire que les collaborateurs apprécieraient fortement :
la possibilité qui leur serait donnée d’organiser leur travail avec beaucoup plus d’autonomie (y compris l’ouverture vers le travail à domicile ou dans des bureaux partagés),
de ne pas être, constamment, contraints de faire des choix au détriment de leur équilibre personnel, familial, sportif ou culturel, d’être reconnus à part entière comme des individus dignes de confiance, capables de se fixer, eux-mêmes, des objectifs bien plus ambitieux qu’espérés.
Ces éléments critiques s’appuient sur le fait que, dans leur vie de citoyens, de clients et de consommateurs, ces mêmes collaborateurs se voient offrir, grâce au déploiement des nouvelles technologies, de multiples services qui leur simplifient la vie. L’accessibilité, dans leur vie de tous les jours, de ces moyens faciles et fluides rend leur absence, au sein de leur propre entreprise, d’autant plus difficile à accepter de bon gré.
Et pour finir, la politique salariale
Vaste sujet… et nombre considérable de critiques !
La toute première concernent la politique de « saupoudrage égalitariste » instituée comme règle de base et carcan inflexible par nombre d’entreprises. Les collaborateurs regrettent, dans leur immense majorité, que l’entreprise se montre incapable de reconnaitre les efforts en engagements fournis individuellement. Pour les collaborateurs qui s’expriment, il s’agit là, ni plus ni moins, que d’un refus de prise en considération de leur travail et d’un manque absolu de reconnaissance de la qualité de celui-ci au détriment d’une peur maladive d’une quelconque variabilité. La méritocratie représente ainsi une très, très forte demande. Son insuffisance, voire son absence, génère un sentiment d’iniquité plus que palpable, surtout pour celles et ceux qui se sentent les plus concernés, qui estiment aller dans la bonne direction et contribuer, de tout leur cœur, au développement de leur entreprise.
En conclusion, chaque individu se voit confronté dans sa vie quotidienne à des peurs dues au contexte particulièrement tendu qu’affronte notre société : précarisation de l’emploi salarié, menaces d’attentats terroristes, dégradation de la qualité de sa prise en charge sociale et médicale par les services de l’Etat en cas d’accident de la vie ou de maladie…
Pourquoi, dès lors, ne pas faire que l’entreprise redevienne un refuge au sein duquel les individus trouveraient, autour des relations et de leur métier, un équilibre salutaire ?
Les entreprises qui sauront valoriser leurs collaborateurs auront, sans nul doute, d’autant plus de succès qu’elles sauront attirer à elles de nouvelles générations de collaborateurs agiles et motivés. A défaut de viser le bonheur au travail, il s’agit de faire en sorte de garantir au plus grand nombre les conditions d’un meilleur équilibre social et économique…
Voilà, dans les grandes lignes, résumés les constats tirés de l’écoute et l'analyse de dizaines de milliers de verbatim collaborateurs sur ce premier pilier de l’expérience collaborateur : l’empathie.
La balle est désormais dans votre camp et j’attends avec impatience vos retours, sachant que, dans l’ouvrage à paraitre, je me suis attelé à donner des petits conseils « de simple bon sens » aussi bien en direction des collaborateurs, des managers et des professionnels des ressources humaines…
@ bientôt !
Bruno Soubiès
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