Clap de fin pour Trump.
Sortie. Il s’est levé à la Maison Blanche en président sortant, il se couchera ce soir à Mar-a-Lago en ex président sorti. Evacué à l’insu de son plein gré. Contre mauvaise fortune de Trump, bon cœur de Biden. Et il en aura besoin en ces temps de pandémie où l’irresponsabilité de l’un a pour partie plombée la responsabilité future de l’autre.
Solitude. Il a marché dans les couloirs, cherchant un ami à qui se confier, lui qui a fait le vide autour de lui, sauf à le remplir d’écrans de télé qui le désapprouvent majoritairement. Il s’est mis dans de sales draps en attisant la haine et même son bas de laine semble lui filer entre les mains.
Les banques le fuient, la Deutsche Bank qui lui prêtait sans compter a décidé d’arrêter les frais. Ses milliards fondent comme neige au soleil de Floride, du déni au dénuement il a encore malgré tout quelques réserves et réservistes. N’empêche, Trump est désormais synonyme de looser.
Honte. Pire que tout, il a perdu. Qui veut suivre un battu qui se proclame vainqueur par moue dubitative et éructations disruptives sans autre fondement que ses contre-vérités. Sa logorrhée tourne en boucle tandis que le chant de ses partisans cherche un second souffle. Lui, il sait qu’il sort de l’histoire par la petite porte. Pire, il a été mis à la porte.
Sortie de route. Il voyait la prise du Capitole comme sa revanche, c’est
sa roche tarpéienne. Privé de Twitter et autres réseaux sociaux, l’imprécateur subit son impeachment numérique bien plus terrible que l’autre. Il commence à ne plus exister, à se dissoudre sur la toile comme une coulée de jus noir, un pus saumâtre qui va rejoindre le pus sans fond des négationnistes de tous bords.
Envers. Il y a quatre ans, il croyait ne pas être élu et ce fut sa divine surprise. En novembre il était persuadé de l’être et après s’être accroché au pupitre il est tombé de son piédestal. Il s’en était même tellement convaincu, qu’il a fini par y croire. A être entouré de larbins, de pleutres et de feudataires asservis, il s’est imaginé qu’on pouvait acheter la Cour Suprême. On ne lui avait pas dit (papa Trump avait omis cette leçon) que la démocratie peut, parfois, remporter la mise et refuser toute emprise.
Enfer. Entre les murs de son manoir, et ses 126 pièces, il va errer comme une âme en peine en quête de sa rédemption. Mais que peut-il racheter lui qui a perdu tout crédit ? Et puis, Trump a-t-il une âme ? Damné sûrement, comme Steve Bannon qu’il a gracié au dernier jour, mais lors du jugement dernier quel bilan pourra-t-il présenter ? D’avoir fait exécuter à la chaîne les condamnés du couloir de la mort ? Lui qui flatte les plus vils instincts, qui entretient le brasier, qui souffle sur les braises, le voici
près du bûcher des vanités. Vanitas vanitatum, omnia vanitas.
Henri-Jean Anglade
Commentaires