Le magazine Newzy et Libé ont parlé d'un gîte très particulier : le Carré Rouge. C'est un gîte , recevant du public, minimaliste à la fois dans sa forme dépuillée et dans la rusticité de l'accueil. Il a été réalisé par Gloria Friedmann. Les photos ci-dessous le montrent côté face et côté pile.
Renseignements complets sur le site Le Carré Rouge (avec des extraits ci-dessous)
Le Carré Rouge est
la commande tout à la fois d'une sculpture et d'un gîte initiée par la Fondation de France, en partenariat avec la Caisse des Dépôts
et Consignations. Sa réalisation en a été confiée à l'artiste Gloria Friedmann. Le commanditaire, Hubert Guénin, a mis à disposition son terrain. Adelfo Scaranello, architecte, a quant à lui assuré le suivi de construction.
La commande a d'abord consisté à proposer un contexte où inscrire la proposition plastique et sociale imaginée par l'artiste:le choix s'est porté sur un site à l'environnement privilégié (en bordure d'un étang) afin de permettre aux utilisateurs du gîte un contact maximum avec la nature. Le caractère
volontairement spartiate du confort (sans eau courante, ni électricité...), le recours à des matériaux comme la terre battue ou la brique pour les parements intérieurs et le bois pour le mobilier, le parti
pris de transparence de la façade ouverte sur le paysage, agissent comme autant de facteurs propices à l'établissement d'une relation vraie avec le milieu et l'environnement. A l'inverse, le projet même de cette oeuvre ne vise pas l'intégration au sens le plus communément admis : l'architecture cubique, l'emploi de béton, la face rouge telle un signal, affirment ainsi avec force une réalité
contemporaine.
Libération (supplément à Libération
n°5936 du samedi 17 juin 2000),
Tableau -refuge / Le Carré Rouge : Olivier Zahm
A la fois monochrome abstrait, sculpture en béton rouge et habitat minimal, il s’agit du "tableau refuge" de Gloria Friedmann, planté au beau milieu du plateau de Langres. L’œuvre -car c'en est une- affiche complet, dépassée par son succès.Signe d'un besoin nouveau.
"Depuis longtemps je cherchais à réaliser une œuvre en pleine nature, isolée, loin de tout, mais que l’on puisse atteindre, explique l'artiste Gloria Friedmann.
Après un projet échoué dans les Alpes, j'y suis fin arrivée! "Sous-titré "Tableau-refuge" et posé à la lisière d'un étang en pleine campagne châtillonnaise, cette architecture de béton rouge offre la possibilité d’un frustre hébergement à ses visiteurs.
Car avant d’être un habitat, ce Carré rouge est, dans l’intention de l’artiste, un tableau: "Parce que la couleur rouge fonctionne comme un signal en opposition avec la paysage et aussi en écho avec les monochromes de Malévtich. Et par la brutalité même dune couleur primaire qui n'existe pas dans ce volume à l'état naturel. » L'usage du béton et la géométrie cubique renforcent encore la tension visuelle qui s'inscrit en rupture dans le paysage. Sans doute pour mieux le dévoiler: « La peinture ne rend pas le visible, elle rend visible » disait fort élégamment Paul Klee.
Le tableau, surface plane (à voir), est transformée en volume (à vivre, à partager, à expérimenter). Seul ou à plusieurs, jusqu’à six personnes. Le tableau devient performance par l’irruption (de l’intérieur) du regardeur dans le paysage qu’il était censé admirer. (De l’extérieur).
C’est là que les choses se compliquent un peu, sans eau ni électricité… « Ce qui m'intéresse, ce
n'est pas de faire une œuvre écologique, de célébrer la Nature comme une réalité à préserver, ou
une réalité forcément idyllique. II s'agit plutôt pour Gloria Friedmann de mettre en place les conditions d'une aventure minimale. Non pas au bout du monde, mais à côté de chez vous… Et de laisser chacun à sa manière affronter l’élément naturel, aussi banal soit-il, ennuyeux même… Il s’agit de chercher une alliance avec l’extérieur. Rien à voir avec les clichés d’un new age méditatif. Il est question de faire l’expérience d’un lien au monde (auquel on ne ne croit plus guère). Lien fragile, laissé en friche ou tout simplement oublié entre soi et l'environnement le moins exotique, le moins préfabriqué possible. D'où le choix, pour l'intérieur du Carré rouge, de matériaux en opposition avec ceux de l'extérieur (vus à distance). Dune logique d'opposition visuelle l'artiste joue l'intégration par le recours à des matériaux naturels : terre battue à l'intérieur, usage de la brique pour les murs intérieurs, du bois pour le mobilier, et surtout la transparence de la baie vitrée ouverte en façade sur l'extérieur. Une œuvre à vivre, donc, ou plutôt à faire vivre, à activer. C'est un succès, dit Gloria Friedmann, un peu incrédule.
Lors du vernissage il y trois ans, j'étais loin de penser que des gens passeraient jusqu'à trois semaines sur place et qu'il faudrait réserver longtemps l'avance. Le public, varie, est uniquement citadin, remarque-t-elle. Même localement, personne ne s'est élevé contre le projet. Signe que l'art contemporain entre dans une phase (paradoxale?) d'acceptation publique. La période des colonnes de Buren est désormais révolue. Certes, un paysage de campagne n'a pas la valeur symbolique du Palais-Royal. Cependant, il n'en est pas moins précieux…
Le Carré Rouge est situé dans le département de la Haute-Marne, au sud du plateau de Langres, dans la commune de Villars-Santenoge, à la limite du Châtillonnais.
La capacité d'accueil du refuge est de 6 personnes. A votre arrivée, vous trouverez à votre disposition: draps, couettes, couvertures, oreillers et linge de toilette - vaisselle - bois pour la cuisine et le chauffage - lampes à gaz.
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