La Collection OpusDélits vient d'éditer un superbe livre de et sur FKDL. Accompagnés de textes de Patrick Le Fur, les pochoirs et collages de notre ami Franck se laissent lire et déguster tout au long de 60 pages dont on ne se lasse pas. Le livre est précédé par une préface d'un certain Henri Kaufman. En voici le texte intégral (toute resemblance avec le Henri Kaufman que vous connaissez est purement non fortuite :
Préfacer le livre d’un ami est un exercice difficile. Le dithyrambe est mal venu, l’opprobre est déplacé, l’indifférence est inopportune… Heureusement, j’aime FKDL et j’aime ce qu’il fait. J’aime le découvrir sur les murs et dans ses performances, j’aime me balader sur son site auquel j’accède instantanément par son flashcode depuis le 18 Octobre 2009… Avec ce flashcode que FKDL insère désormais dans ses collages, il nous a montré qu’il savait mêler les techniques post-modernes - chères au sociologue Michel Maffesoli - aux techniques plus traditionnelles.
J’ai rencontré pour la première fois Franck aux Lézarts de la Bièvre. Sa technique de collage tranchait avec celles des habituels pochoirs. Le mélange de découvertes découpées dans des journaux surannés, encapsulées dans des formes d’aujourd’hui, m’étonnait, me séduisait. L’élégance, le rythme délié de ses personnages, qu’ils soient danseurs, élégantes ou sportifs, m’apaisait. Depuis ces Lézarts, je rencontre Franck tous les matins en regardant le tableau que je lui ai acheté ce jour-là, un tableau où l’on voit encore la trace ombrée d’un des personnages qui s’est échappé et que j’ai collé sur le mur, hors cadre…
Frank s’inscrit dans la longue tradition du collage, initiée - excusez du peu - par Georges Braque et Picasso. Cette tradition a été marquée par les œuvres d’artistes appartenant au mouvement Dada tels que Max Ernst, Hannah Hoch - la ‘’Dadasophe’’ au prénom palindromique, son compagnon Raoul Hausmann - inventeur du photomontage et du poème ‘’optophonétique’’ -, Richard Hamilton qui donna ses lettres de noblesse au pop art, sans compter le lacéré anonyme de Jacques Villéglé qui a osé remettre la culture dans la rue.
Ce qui me frappe dans l’œuvre de FKDL, c’est son sens de la perspective en abyme. Je dirais même plus, celui de la double perspective en abyme. D’abord, le geste du collage de collages qui révèle un long travail préalable sur des pièces uniques, données généreusement à la vue des passants et aux ongles arracheurs des vandales.
Ensuite, nous distinguons un deuxième abyme ; en effet, quand on regarde attentivement ses œuvres, on se rend compte que ses femmes modernes sont constituées de petits bouts de femmes anciennes découpées soigneusement dans des journaux de mode des années 50, et là, l’œil commence à se promener. Et plus il se promène, plus il découvre des scènes inattendues, des scènes de vie, des typos insolites, des visages qui font écho à la silhouette du personnage. Ainsi, la silhouette prend de l’épaisseur, devient roman.
Finalement, FKDL joue à nous surprendre … et nous aimons nous laisser surprendre.
Henri Kaufman
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